TOURBE



Que reste-t-il ?

Des lieux dorénavant hantés,
finir ainsi seule et cloîtrée dans le rêve
d’un cinéma vieux de 100 ans.
Toutes les images se refusent,
il ne reste rien que cette carcasse.

Brûlez la !

La chose est limitée, mais les mots sont infinis…
(songe-creux)

 Et d’abord, avec les dents , les uns, les autres,
 par des paroles ils se mordront.

Pourquoi le réel, et si tard ?


Quelques unes parmi toutes,
avaient dans leur dégaine une sorte de fond épais
avec les rebords sexy,
coupants comme une lame.

En s’approchant, on pouvait sentir cette odeur
qui venait aussi de leur sexe,
elles étaient cruelles et totalement enfantines,
des clichés à talons,
qui ouvraient à loisir la bouche
tout en fouillant les piles, les tas,
totalement délivrée par leur travail de remplir.

 
La beauté solaire, vivace des gens qui parlent ,
la beauté saisissante des visages qui s’ouvrent,
se donnent avant de repartir silencieux avec leurs secrets.

Je m’absentais dans toutes sortes
de détails, de débris. 
Cela n’était pas vraiment un trébuchement, ou une hésitation,
plutôt un délai entre les choses et moi. 

Dans ces espaces je m’attelais
à diverses explorations
me menant vers un même point,
une interrogation, une suspension,
un transit souvent mené
par les ciels larges et animés
me traversant.

Tu as des tournures et des revers
que j’observe,
tu marches, tu rêves, tu penses.

Toujours à la recherche
 d’une distance perfectible
pour être proche plus encore
et lointaine suffisamment,
 au coeur des drames anciens,
antiques et séculaires.


Nous sommes des oubliés
des officiers sans mots,
il nous faut partager avec nos corps ,
 une recrudescence de désespoir et d’espoir
puisque les temps sont si incertains.


Songes rapiécés,
iles bondées,
sentiments vagues,
reflets incertains, 

cette sculpture est un tas d’os
plus blanc encore que ceux au soleil, 
elle subtilise la luminosité
et offre l’obscurité comme un demain.

Propulsée à

 l’avant scène,
le rideau est charpie,
la pièce est close.


Revenons aux fondamentaux : 
des courbures des lignes droites
et quelques soubresauts, 
tu plonges ta main
 c’est le tragique,
tu étreins 
cela échappe, 
la danse des lampions,
le bal au loin,
des pas sur les feuilles,

Quoi l’été est fini ?

L’extérieur n’est pas exactement à la limite,
il procède par à-coups, 
il oriente son territoire et sans cesse déplace.
 
L’intérieur quand à lui serait plutôt océanique,
surgissant et morcelant.
Maintenant il s’agit dans un même plan
de positionner et détruire
toute tentation d’harmonie 
 faire surgir un inconnu radical..
(on peut rêver.. )
 
 Le gris n’est pas sage,
il se nuance et offre au ciel
l’épaisseur de cet été. 
Le son satinée de la pluie
vibre dans la lumière,
plus tard les astres arriveront.
Les yeux fermés, les mains nouées,
on attendra et le jour et la nuit,
qu’avons nous d’autre à faire ?
 
Personne ne veut regarder
dans les yeux des morts.
Personne ne veut vendre des hospices
et échanger des reliques.
Pourquoi faire ?

Il reste le vent et des lumières blafardes
et plus loin
là ou le paysage
décline quelques lueurs,
un mirage.
Tout le monde s’en contentera.
 
Je connais ce sentiment,
un granit noir coupé au tranchant,
c’est un ogre qui hurle,
juste pour faire peur,
ce n’est rien encore.
 


Soudain la main s’ouvre,
s’articule entre les espaces
des doigts s’aventurent.
Un filament de bleu s’allonge,
vibre avec l’horizon. 
Ce sont de grands gestes
ivres de désir
 qui patientent maladroits
 et affamés sur le pli de la peau


Quoi ? 
Des plis, des terriers,
oui mais rien d’étroit,
rien de trop,
cette écume ici
au coin de votre lèvre
c’est un élan,
une destination. 
Partir,
c’est le refrain saisonnier,
une obligation,
l’être en plus est celui qui part.
 
L’immobile me surprend et puis m’apaise,
 j’y trouve une chaleur et un lieu dit,
je m’y installe et avale
l’écho subtil du chagrin.

 

Vie moderne et je respire mal, 
quelques appareils domestiques
de ceux qui vous lèchent sous les bras
ou vous lisse la peau 
viennent de se mettre en marche
de façon frénétique.

J’observe cette danse étrange
c’est beau
cette cadence me place
dans une sorte d’hypnose.

Des glaçons de gels pendent
encore maladroits
sur le rebords de fenêtres mal fixées.
Non,  je n’ai pas froid,
je n’ai pas faim,
un fantôme ne serait
pas plus heureux que moi. 

Tout disjoncte,
c’est la nuit,  je m’y couche
comme une rivière en plein soleil. 

 
Apparitions de trou en Sibérie,
de lac en plein désert, 
Ce n’est pas arithmétiquement stupéfiant
mais il me plait en cet été
de rêver d’un retournement
du dedans vers le dehors


Inexact, inopinée, insubmersible,
je chantais alors sous la pluie
et d’autres climats,
 j’avais de violents spasmes
 sans pouvoir ni vouloir les nommer,
je n’étais rien d’autre qu’un morceau,
du bois, de la vermine,
des longues nuits,
des matins courts ou son contraire.
 Je caressais les feuilles vertes
 sachant combien elles étaient
encore heureuses
et dansantes sous la pluie
 
Ma solitude n’a rien à envier
aux autres solitudes 
c’est la même :
ni moins douce ni plus amère,
elle m’élance et me retire
elle m’accompagne et me saisit,
elle est parfaite
 
C’est un repère, une étrange cabane,
des êtres fatigués s’y promènent,
des passe muraille
aux ongles longs et jaunis,
des humeurs sombres,
 la fuite et l’ironie
et au fond caché,
des morceaux pas tout à fait empaillés,
 des lueurs vacillantes,
des restes splendides. 
Un lieu invariable du sentiment surgissant,
vainqueur et monstrueux.
 
Lorsque je serais couchée
 parmi les fleurs
et que je connaîtrai
dans ma bouche le goût de la terre,
reviendra à moi le sourire des visages
et paysages traversés

Fenêtres ouvertes,
tout traverse,
s’étale,
arrive inconnu,
percute :
cris, toux, chien qui hurle, soupirs,
assiettes qui claquent,
 rires, sanglots,
miaulements, froissement d’ailes. 

Le monde s’étend,
s’achemine sans invitation,
ni dedans ni dehors,
une géométrie ouverte
et à multiples entrées.

Y construire discrètement un ressac,
un frôlement,
pour laisser aller et venir,

 
Tapi, luisant,
les ailes noires écartées,
le bec orange ouvert,
d’une immobilité fascinante,
mi vivant mi mort,
 ni fantôme ni bête,
il est là. 
J’attends, je stationne
pour surveiller son oeil fixe,
c’est une sorte de petite mort,
un orgasme caché dans le vert fourni.
  

De la salive en jets pétrolifères,
des lambeaux de peaux en billets
qui se détachent,
le squelette crane encore un peu,
se balance l’air hagard.

Ni vent, ni lune, au loin,
des cris simples d’animaux
se dressant sur leur pattes de derrière.

Ni soudain, ni présent,
le passé au fond des sables mouvants,
c’est la valse, le soubresaut,
et puis plus rien,
Silencio …

 
Aucun astre n’éblouît la matière.
Ni le dedans ni le dehors,
morte ou simplement couchée,
quelle est la différence ?
Aucune,
La nuit mange les cœurs sales
et ceux en cristal.
Aucune commémoration
seule la putréfaction
remporte l’asile éternel